Comme son titre l'indique, Profondo giallo est un hommage à un genre littéraire et cinématographique très en vogue dans l'Italie des années 70, le giallo (signifiant "jaune" en italien, par rapport à la couleur des couvertures des éditions Arnoldo Mondadori qui les publiaient).
Les
réalisateurs transalpins n'hésitaient pas à puiser leur inspiration
dans certains succès du cinéma ou de la littérature, chez Simenon, la
série noire, Les Diaboliques de Clouzot, Psychose d'Hitchcock, Le Voyeur
de Michael Powell, Franju, ainsi que dans les films noirs américains
des années 40 ou les polars allemands des années 60 qu'on appelait les krimi.
La particularité du giallo
est de flirter avec différents genres, tels que le fantastique, le
thriller, l'horreur gothique, l'épouvante à la limite du gore, le
cinéma policier ou l'érotisme, ce qui l'empêche de se cantonner à une
seule définition. Les intrigues criminelles se terminent généralement par des twists
hitchcockiens, parfois élaborés ou parfois tirés par les cheveux, et
surtout
prétextes à une stylisation outrancière et une esthétique baroque.
Devant l'objectif de cinéastes plus ou moins inspirés, les séquences de
meurtres ritualisés de jolies filles à l'arme blanche (souvent
orchestrés par un sadique aux gants noirs) deviennent des chorégraphies
morbides, surréalistes, filmées à travers de la lumière diffuse ou des
filtres colorés, et illustrées par des musiques généralement atypiques
(expérimentale ou romantique avec Ennio Morricone ou Stelvio Cipriani,
hystérique et rock
avec les Goblin).
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Les gialli firent leur apparition au cinéma avec Mario Bava : La Fille qui en savait trop réalisé en 1963, et surtout Six femmes pour l'assassin l'année suivante. Mais le genre fut popularisé par Dario Argento (L'Oiseau au plumage de cristal, Quatre mouches de velours gris, Les Frissons de l'angoisse, Suspiria, Inferno ou Ténèbres). Parmi les cinéastes les plus réputés, citons en vrac Sergio Martino (La Queue du scorpion, Torso, Toutes les couleurs du vice), Massimo Dallamano (La Lame infernale, Mais qu'avez-vous fait à Solange ?), ou Lucio Fulci (Le Venin de la peur, L'Éventreur de New York), entre autres...
![](https://2.bp.blogspot.com/-vrgOYTZtNsw/V1L90Zi8OWI/AAAAAAAAALY/iuaMTuv9k148xVaMEVud4cFeNZzfyCWfgCLcB/s1600/dressed.jpg)
Les séquences sophistiquées d'explosion de violence ont même fini par inspirer aux États-Unis le genre slasher dans les années 80. Certains cinéastes réputés feront d'évidents emprunts au giallo pour leurs propres thrillers, comme Halloween de John Carpenter, Scream de Wes Craven ou Dressed To Kill
de Brian De Palma, même si ce dernier refuse de reconnaître la moindre
influence de ce genre sur ses films (et encore moins d'entendre parler
d'Argento, chez qui il fit pourtant quelques "emprunts" assez évidents).
Dressed To Kill demeure toutefois le meilleur giallo jamais réalisé sur le territoire américain...