Genre : Giallo / thriller
Court-métrage, couleurs, 29 minutes, 2016
Production : Œil Rouge & Premier Clap
Producteurs : Yann Moine, Baptiste Le Cunff
Producteurs associés : Philippe Paul, Bertrand M. De Malartic
Scénario et mise en scène : Romain Lehnhoff
Assistant réalisateur : Anel Dragic
Scripte : Laure Arnaud
Maquillage : Aline Macouin
Effets visuels, montage, mixage : Romain Lehnhoff
Musique : Richard Rodney Bennett (musique additionnelle : Antonio Vivaldi)
Interprétation : Chrystelle Gagey (Solange), Chafik Benlebna (Marco), Fanny Piot (Agnès), Manya (Pauline), Eva Trixie (Rosalie), Imen Bahia Chelli (Nina), Marine Renoir (Charlotte), Daniel Mballa, Axel Mievilly, Curtis Mansoni, Fanny Escobar, Lisa Mazur et Jules Terongiès (acteurs de "Terreur dans le métro")
Tourné à Paris, extérieurs : 7ème arrondissement

QU'EST-CE QU'UN GIALLO ?

Comme son titre l'indique, Profondo giallo est un hommage à un genre littéraire et cinématographique très en vogue dans l'Italie des années 70, le giallo (signifiant "jaune" en italien, par rapport à la couleur des couvertures des éditions Arnoldo Mondadori qui les publiaient).

Les réalisateurs transalpins n'hésitaient pas à puiser leur inspiration dans certains succès du cinéma ou de la littérature, chez Simenon, la série noire, Les Diaboliques de Clouzot, Psychose d'Hitchcock, Le Voyeur de Michael Powell, Franju, ainsi que dans les films noirs américains des années 40 ou les polars allemands des années 60 qu'on appelait les krimi.

La particularité du giallo est de flirter avec différents genres, tels que le fantastique, le thriller, l'horreur gothique, l'épouvante à la limite du gore, le cinéma policier ou l'érotisme, ce qui l'empêche de se cantonner à une seule définition. Les intrigues criminelles se terminent généralement par des twists hitchcockiens, parfois élaborés ou parfois tirés par les cheveux, et surtout prétextes à une stylisation outrancière et une esthétique baroque. Devant l'objectif de cinéastes plus ou moins inspirés, les séquences de meurtres ritualisés de jolies filles à l'arme blanche (souvent orchestrés par un sadique aux gants noirs) deviennent des chorégraphies morbides, surréalistes, filmées à travers de la lumière diffuse ou des filtres colorés, et illustrées par des musiques généralement atypiques (expérimentale ou romantique avec Ennio Morricone ou Stelvio Cipriani, hystérique et rock avec les Goblin).


Les gialli firent leur apparition au cinéma avec Mario Bava : La Fille qui en savait trop réalisé en 1963, et surtout Six femmes pour l'assassin l'année suivante. Mais le genre fut popularisé par Dario Argento (L'Oiseau au plumage de cristal, Quatre mouches de velours gris, Les Frissons de l'angoisse, Suspiria, Inferno ou Ténèbres). Parmi les cinéastes les plus réputés, citons en vrac Sergio Martino (La Queue du scorpion, Torso, Toutes les couleurs du vice), Massimo Dallamano (La Lame infernale, Mais qu'avez-vous fait à Solange ?), ou Lucio Fulci (Le Venin de la peur, L'Éventreur de New York), entre autres...

L'image des gants de cuir tenant une lame luisant à la lumière, aujourd'hui coagulée dans l'inconscient collectif, a même pu ressurgir à notre époque contemporaine à travers un duo de films d'un couple de cinéastes franco-belges passionnés du genre, Hélène Cattet et Bruno Forzani (Amer et L'Étrange couleur des larmes de ton corps).

Les séquences sophistiquées d'explosion de violence ont même fini par inspirer aux États-Unis le genre slasher dans les années 80. Certains cinéastes réputés feront d'évidents emprunts au giallo pour leurs propres thrillers, comme Halloween de John Carpenter, Scream de Wes Craven ou Dressed To Kill de Brian De Palma, même si ce dernier refuse de reconnaître la moindre influence de ce genre sur ses films (et encore moins d'entendre parler d'Argento, chez qui il fit pourtant quelques "emprunts" assez évidents). Dressed To Kill demeure toutefois le meilleur giallo jamais réalisé sur le territoire américain...